Rue Adolphe Sax 1 - 5500, Dinant
À l’ombre de la citadelle, coincée entre les falaises calcaires et la Meuse, la collégiale Notre-Dame de Dinant est sans conteste le monument emblématique de la ville. Son élégante silhouette coiffée d’un bulbe d’ardoises reflète la verticalité mosane et la résilience d’une cité plusieurs fois meurtrie par l’histoire. Ce chef-d’œuvre d’inspiration gothique, dont les origines remontent à une église romane effondrée en 1227, témoigne d’une stratification historique et stylistique rare.
Le plan général de l’édifice, en croix latine, est caractéristique : une nef de cinq travées à trois vaisseaux, un transept peu saillant, un chœur polygonal entouré d’un déambulatoire sans chapelles rayonnantes, et une élévation très unitaire malgré la multiplicité des époques de construction. L’exiguïté de l’espace entre fleuve et rocher a dicté une compacité architecturale qui donne à l’édifice son allure ramassée et élancée.
La façade ouest, dominée par deux tours puissantes, supporte une flèche à bulbe élevée après la Première Guerre mondiale dans l’esprit des plans anciens. Cette silhouette particulière, unique dans la région, confère à la collégiale un cachet oriental inattendu mais désormais indissociable de l’image dinantaise. Le portail nord, face à la Meuse, est orné d’un tympan néo-gothique richement décoré, où des sculptures anciennes du XIVe siècle ont été réemployées. Des personnages féminins et des morts surgissant du tombeau y évoquent un Jugement dernier stylisé.
À l’intérieur, l’élévation frappe immédiatement par sa légèreté : des colonnes minces, surmontées de chapiteaux à crochets typiquement mosans, soutiennent des voûtes dont la complexité s’accroît au fil du temps. Si la nef est voûtée d’ogives simples, les parties orientales montrent un raffinement plus tardif : les voûtes à liernes et tiercerons, introduites après l’incendie de 1466, dessinent des réseaux de nervures au raffinement gothique tardif. Le triforium trilobé, courant tout autour de l’édifice, accentue l’horizontalité et offre un contrepoint à la verticalité des arcs.
Le mobilier renforce le prestige de l’église : les fonts baptismaux réalisés en 1472 par Lambert Art de Namur témoignent d’un art gothique mûr. La chaire de vérité, début XVIIIe siècle, est un exemple virtuose du baroque mosan : un ange suspendu dans le vide y semble inviter les fidèles à prêter l’oreille au message divin. Dans la nef, d’imposantes statues du XVIIIe siècle, prévues pour encadrer autrefois le maître-autel, rappellent la volonté de grandeur liturgique.
La collégiale a connu d’importants travaux de restauration au XXe siècle, notamment sous la direction de Chrétien Veraart dans les années 1920, qui, à la suite des destructions de 1914, lui redonnèrent une cohérence gothique, inspirée des formes originelles. Arcs-boutants, pinacles, balustrades et échauguettes furent ainsi reconstruits avec le souci de restituer l’image de la collégiale du XIIIe siècle.
Aujourd’hui, malgré les vicissitudes du temps et les reconstructions successives, la collégiale de Dinant reste l’un des plus beaux exemples d’architecture gothique mosane. Classée au Patrimoine exceptionnel de Wallonie, elle constitue un repère visuel et spirituel incontournable au cœur de la vallée de la Meuse.
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