Lucile Richardot, mezzo soprano
Ensemble Correspondances
Sébastien Daucé, direction
Perpetual Night
La musique de l’Angleterre du XVIIe siècle fait l’objet de fantasmes. On sait aujourd’hui à quel point la musique
française du Grand Siècle – autour de laquelle s’est construite l’identité de l’ensemble Correspondances – a
été influente sur elle. La présence d’artistes français à la cour d’Angleterre a teinté l’art musical anglais, qu’il
s’agisse des genres musicaux ou de l’art de jouer et de chanter – on trouve de nombreux doubles ornés à la
française. Le Ballet de cour et le Mask sont deux genres extrêmement originaux mais dans lesquels on peut
trouver bien des points communs. Si l’émulation entre les deux pays est encouragée par la circulation des
artistes, elle l’est également par celle des souverains – le retour de Charles II après son exil en France, par
exemple. Les couleurs instrumentales évoluent aussi, en parallèle et au fil des ans, la préférence passant de la viole au violon.
Partant de l’idée d’un parcours entre deux répertoires “connus” que sont la musique de Dowland (notamment
les consort songs) et celle des airs et des semi-opéras de Purcell, nous avons pu, au gré des recueils du grand
éditeur londonien de l’époque John Playford et des manuscrits des bibliothèques de Londres et d’Oxford,
découvrir un monde assez inouï, peuplé d’une pléiade de compositeurs dans une époque où l’inventivité
des artistes est exacerbée. L’instabilité politique et religieuse renverse régulièrement les tendances et les
esthétiques créant tout au long du siècle des expérimentations, des nouveautés, des traditions. On y voit
l’apparition des premiers récitatifs anglais, la naissance de genres dramatiques bien avant l’opéra – qu’il
s’agisse des grands airs de Mask (Care-charming sleep) ou des “scènes” dramatiques de John Hilton (Le
Jugement de Pâris) rappelant les grands airs de ballet d’Antoine Boësset. Cette période constitue une riche
étape dans la tradition de la chanson anglaise, mais également une rupture qui prépare la naissance du semiopéra à la fin du siècle.
Au fil des airs retenus et de ce parcours qui retrace une histoire de l’art vocal anglais de 1620 aux dernières
décennies du siècle, toutes sortes de personnages sont conviés. Dans un univers toujours teinté de
mélancolie, ces évocations tantôt abstraites, tantôt incarnées, sont autant de situations et de fantômes du
passé. Les figures d’Orphée, de Circé ou de Morphée, comme celles de tout autre poète soignant les plaies
d’amour, montrent à quel point la musique et son pouvoir sont intimement associés à ces figures aimées,
qu’il s’agisse de sentiment amoureux ou de l’admiration pour un prince ou un artiste disparu. Un monde se
découvre qui lie avec subtilité la musique, l’amour, la nuit et la volupté, que résume le Powerful Morpheus de William Webb.
Programme
Robert Johnson (ca.1583-1633)
Care charming sleep
William Lawes (1601-1645)
Wiles I standing lake
Music the master of thy art is dead
Britannia Triumphans, Final of King's masque
John Coperario (1570-1626)
Go happy man
Martin Peerson (ca. 1572-1651)
O precious time
Nicholas Lanier (1588-1666)
No more shall meads be deck'd with flowers
Robert Ramsey (ca. 1590-1644)
Go perjured man
Howl not, you ghost furies, while I sing
John Jenkins (1592-1678)
Instrumental
John Banister (1630-1679)
Give me my lute
William Webb (ca. 1600-1657)
Powerful Morpheus
John Hilton (1565-1609)
A Dialogue of Juno/Venus/Pallas/Paris
James Hart (1647-1718)
Adieu to the pleasures
George Jeffreys (ca. 1610-1685)
Amintas
Matthew Locke (1621-1677)
Pastorella
John Blow (1649-1708)
Sarabande
Henry Purcell (1659-1695)
Loving above Himself
John Jackson ( ? -1688)
When Orpheus Sang/Let Phillis
John Blow (1649-1708)
Phils, Oh! Turn
Infos pratiques
- Dimanche 12 Août 2018 à 17:00
-
Abbaye de Floreffe
rue du Séminaire 7 - 5150 Floreffe