Collégiale Notre-Dame et Saint-Domitien - Huy

Parvis Théoduin de Bavière
4500 Huy

Collégiale Notre-Dame et Saint-Domitien - Huy

Parvis Théoduin de Bavière - 4500 Huy

La collégiale Notre-Dame et Saint-Domitien de Huy se situe au pied d’un promontoire rocheux sur la rive droite de la Meuse.

D’après la légende, saint Materne, évêque de Cologne, aurait fondé une église dédiée à la Vierge autour du IVe siècle. Au Ve siècle, l’évêque Domitien de Tongres-Maastricht choisit Huy comme lieu de sépulture et deviendra progressivement le second protecteur de la ville. Son culte se développera en parallèle avec celui de la Vierge, ce qui explique la double titulature de la collégiale.

En 634, le testament du diacre verdunnois Adalgisel Grimo évoque une église hutoise correspondant à l’ancêtre mérovingienne de l’église ottonienne. Au Xe siècle, l’église est desservie par un collège de chanoines et porte le titre d’ecclesia maior de l’entité. La collégiale arrive au XIe siècle dans un état de délabrement préoccupant, qui justifie sa reconstruction par l’évêque de Liège Théoduin de Bavière. Ce dernier consacre la nouvelle église en 1066, en compagnie de l’évêque de Cambrai Libert, et se fera ensuite inhumer dans la crypte.

De la collégiale ottonienne, seule la crypte est parvenue jusqu’à nous. Redécouverte en 1906 lors de l’installation du chauffage, elle compte trois vaisseaux et est de type “halle” (les différents vaisseaux ont la même hauteur sous voûte). Des colonnes sommées de chapiteaux sphéro-cubiques supportent des voûtes d’arêtes. Elle abrite actuellement le trésor de la collégiale.

La collégiale gothique est mise en chantier au début du XIVe siècle, pour remplacer une église ottonienne démodée et délabrée. Sa première pierre est solennellement posée le 15 mars 1311 par l’évêque Thibaut de Bar. Le chantier progresse d’est en ouest et s’étale sur plus de deux siècles, au fil de plusieurs campagnes de construction. Avec sa grosse tour occidentale dépourvue d’entrée, la collégiale gothique perpétue une caractéristique de l’architecture ottonienne et romane du diocèse. Peut-être les deux tours flanquant le long chœur rappellent-elles également un parti architectural plus ancien. Le plan de la collégiale frappe par la longueur de son chœur à trois vaisseaux comme la nef, chacun fermé par une abside polygonale.

Bâti presque exclusivement en calcaire de Meuse local – seules les voûtains des voûtes semblent privilégier d’autres matériaux – ce vaste édifice présente une architecture gothique sobre dont les toitures étaient jadis agrémentées de gâbles et de pinacles. Ces ornements ont été réhabilités au XIXe siècle, lors de la restauration de l’édifice dans le style du néogothique par Vierset-Godin et déposés, à nouveau, à la fin du XXe siècle pour des questions de stabilité. À l’ouest, la tour est percée par une large rose, le Rondia, qui constitue l’une des merveilles de Huy.

A l’autre extrémité du site, jouxtant le chevet polygonal et donnant accès à une ruelle longeant le flanc sud de l’église, s’élève le « portail du Bethléem », autre curiosité remarquable de Huy. Ce tympan est sculpté probablement vers 1350 dans un calcaire du Bajocien extrait dans la haute Meuse. Il montre quatre scènes de l’enfance du Christ : la Nativité, l’Annonce aux bergers, l’Adoration des Mages et le Massacre des Innocents.

À l’intérieur, une même élévation à trois niveaux court sur toute la longueur de l’édifice. Les voûtes sont posées à la fin du chantier seulement, soit au XVIe siècle. Dans le chœur, elles sont donc postérieures de près de deux siècles aux murs.

Dans le trésor de la collégiale, conservé aujourd’hui dans la crypte, on admirera quatre châsses chefs d’œuvres de l’art mosan : les châsses de saint Domitien et de saint Mengold (1172-1189), de saint Marc (émaux vers 1210) et de la Vierge (vers 1265). On ne manquera pas non plus le célèbre « médaillon de l’Arbre de Vie » qui compte parmi les plus beaux émaux mosans du XIIe siècle (vers 1160), des tissus d’Orient qui ont servi à envelopper les reliques de Domitien et Mengold, un bel ensemble de ronde-bosse de Vierge à l’Enfant montrant l’évolution de cette représentation depuis l’époque médiévale ainsi que l’orfèvrerie aux poinçons de la Ville de Huy (XVIe-XIXe s.).

Pauline Foglia & Mathieu Piavaux

Avec l’assistance technique du Service du Patrimoine culturel de la Province de Namur.

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